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L'avant Didi.......A la pêche aux moules

12 Septembre 2007 , Rédigé par daniel Publié dans #Didi

De mes premiers souvenirs il en est un qui m’a particulièrement marqué c’est Fouras. De mes "tendres années" ce fut, finalement, la seule fois où je sois allé en vacances avec mes parents ; c’était en août 1950, j’avais 4 ans. Je revois très bien les promenades sur la plage à ramasser des coquillages, les baignades avec mon père Roger, la ou les ballades en bateau, et l’arrivée sur l’Île d’Aix. Quand je suis arrivé, travailleur « émigré » dans cette région, quelques 36 bougies plus tard, le 1erpèlerinage que je fis, hors découverte du Niortais, ce fut un retour à Fouras et à l’Île d’Aix, et ce avant même l’Ilede Ré où j’étais, pourtant, venu en colonies de vacances entre 11 et 13 ans, et dont j’allais contribuer à la perte de son insularité. 
Je me suis longtemps demandé pourquoi mes parents avaient fait ce séjour de vacances, sans doute de 3 semaines, alors que par la suite cela ne s’est jamais reproduit jusqu’à 1960, l’été où nous sommes allés en camping à Andernos. Mes parents n’étaient pas très fortunés et jusqu’à la fin des années 50 leur seul objectif était l’accès à la propriété qu’ils concrétisèrent en 1954 par un pavillon à Noisyle Grand avant de tout larguer fin 1957, pavillon et région francilienne, pour nous entraîner, travail de mon père oblige, dans une grande vadrouille hexagonale. 
 
Alors pourquoi Fouras en 1950 ? C’est Didi qui m’a fourni un début de réponse. Mon grand père Marcel a vécu une grande partie de son enfance entre Fouras et Port des Barques et il y avait sans doute de la part de mon père une curiosité à découvrir ce lieu dont son père lui avait tant parlé.
Marcel et son aîné Maurice avaient été placés chez des pécheurs de l’estuaire de la Charente vers 1904/1905, c’est dire que Marcel avait au mieux 7 ans tandis que Maurice approchait les 10 ans. HenryJoseph, leur père, venait d’abandonnertravail, foyer, femme et enfants pour vivre ses envies, le jeu, les champs de courses, les aventures, les bistrots et autres turpitudes.
Clémence, la mère, trouva un travail d’ouvrière dans une entreprise de confection de gants, mais elle ne pouvait assumer seule la charge des enfants qui furent placés chez des pécheurs du pays Rochefortais.  Didi n’a pas la moindre idée des raisons de ce choix ; facilités familiales grâce à la présence de « cousins Baudin » ou autres raisons ? Je ne le saurai probablement jamais.
Marcel et Maurice fréquentèrent bien peu l’école et durent trimer avec les pécheurs, essentiellement à l’entretien du matériel et notamment, carrelets et  filets de pêche. Marcel avoua souvent à ses fils que cette période de sa vie lui fut particulièrement pénible, tant par les conditions de vie, il ne mangeait guère à sa faim, que par la séparation de sa mère….et pourtant cette côte est si jolie, aujourd’hui.
Maurice et Marcel retournèrent auprès de leur mère vers 1912/1913, respectivement à 17/18 ans et 14/15 ans. Ils se firent d’abord maçons, et puis la guerre arriva, l’armée accaparant Maurice dès 1914 et Marcel en 1916. Tous les deux sortirent vivants de la grande boucherie et en 1918 Marcel, l’ex pécheur sauvageon, scolarisé à minima,  soldat en permission au Perreux sur les bords de Marne, tomba sous le charme de Geneviève, une jeune fille de la petite bourgeoisie catholique bourguignonne,(les détails sont racontés dans plusieurs bouquins de la collection Harlequin);ils se marièrent  début 1919, puis progressivement Geneviève aida Marcel à s’instruire, à se former et à devenir le self-made man qu’il devint par la suite....Roger naquit en 1922 et Didi en 1926.

    Lors de l'été 2006 nous avions passé avec nos amis Claudine et Jipé quelques jours de vacances en papy/mamie ; c'était à Andernos pour la semaine du 14 juillet. ( Andernos...tient, tient comme c'est curieux il faudrait peut être que je fasse une psychanalyse...et puis non, c'est  Claudine qui a fait la réservation. Ouf ! Simple coïncidence.).Bien entendu nous étions accompagnés de nos petit-fils: Dorian celui de nos amis et Hugole nôtre. Nous avions décidé de renouveler l'opération cet été mais cette fois en pays Rochefortais et ce fut pour la semaine du 15 août. Nous avons pris gîte au nord de Rochefort pour être au plus près de Fouras et à portée de La Rochelle pour emmener les petits à l'Aquarium. Les conditions climatiques du début de semaine étaient telles que les premières sorties furent effectivement pour la Rochelle et l'anse de l' Aiguillon, Charron, Esnandes et la Pointe de St Clément. L'océan par mauvais temps est aussi un beau spectacle , sauf que l'horizon est forcément plus limité et que nous ne pouvions qu'imaginer les côtes vendéennes au nord et l'île de Ré au sud. En milieu de semaine la météo a changé avec un ciel plus estival bien qu'incertain  qui nous permis d'effectuer les ballades programmées.

DSCN7517.JPG Rochefort m'a longtemps intrigué et charmé. J'aime son côté ancien moderne. Le centre ville est constitué d'un quadrillage quasi géométrique de rues larges bordées d'immeubles anciens ; l'ensemble venant s'appuyer sur la Charente dont la ville est séparée par l'Arsenal Maritime. Dans ce vaste espace en bordure de Charente on trouve la Corderie Royale, le jardin des retours,  les cales de radoub où est en construction une réplique  de l'Hermione, la frégate de La Fayette, et le Musée national de la Marine.  Il faut dire que cette ville sortie des marais en 1666 selon  la volonté de Louis XIV qui voulait fixer sur le pertuis d'Antioche un arsenal militaire comparable à ceux de Toulon et de Brest. A Rochefort sur Meril faut se promener place Colbert et voir sa fontaine où Hugo et Dorian jouèrent vite à s'arroser.. Le quadrillage de la ville en rues perpendiculaires est l'oeuvre de l'intendant Bégon, aussi connu pour avoir introduit à Rochefort et donc, en France, une plante originaire des Antilles le Bégonia. Nous n'avons pas visité la maison de Pierre Loti, déroutante et mystérieuse à l'instar du personnage ; ça sera pour une autre fois. 
 Cette ville est vraiment très attachante et gagne à être connue ; il n'y a qu'un détail qui me chiffonne : comment une ville dont l'histoire est tournée vers le large et a, plus particulièrement, participé à l'essor de la colonisation de l'Afrique avec ces zones d'ombres ; comment ce port d'où sont partis, le 17 juin 1815, 4 vaisseaux destinés à reprendre possession de Saint Louis du Sénégal, dont la Méduse qui s'échoua sur le banc d'Arguin au large de la Mauritanie; comment cette municipalité n'eut-elle jamais l'idée de faire un jumelage, et même un jumelage coopération avec une ville africaine ? Une ville sénégalaise me paraissant aller de soi. En Poitou Charentes, ça fait un peu désordre. Rochefort a rosi en 2001, il ne faut pas désespérer. Il faudrait soumettre l'idée à B. Grasset.

S5300524.JPGNous voulions  voir ou revoir le pont transbordeur et pour cela nous sommes allés en rive gauche. Après une jolie  ballade par St Hyppolyte, nous avons rejoint Echillais. Cet ouvrage fut mis en service en 1900 après deux années de travaux. il est constitué de deux pylones métalliques de 68 m de haut, situés de part et d'autre de la Charente. Un tablier d'une longueur de 175 m relie ces deux pylônes à une hauteur de 50 m au dessus du fleuve. Une nacelle est suspendue à ce tablier et permet aux véhicules et passagers de passer d'une rive à l'autre. La capacité portante de cette nacelle est de 26 tonnes. II est toujours en activité pour les besoins des riverains et la curiosité des touristes. 
 En 1975, un pont en béton avec une travée levante, pour laisser passer les bateaux qui rejoignaient le port de Rochefort, fut mis en service, il ne vécut que 15 ans.  En 1989 commencèrent des travaux du viaduc du Martrou qui fut mis en service en 1991. Magnifique chantier auquel j'ai participé pendant ces 2 ans. Jipé dit à Dorian et Hugo : "Daniel a fait le grand pont que vous voyez"  et eux étonnés de répondre "Pas tout seul quand même". Non pas tout seul, bien sûr.

DSCN7426.JPGNous avons embarqué à  Fouras à la Pointe de la Fumée, pour une croisière inter îles. Nous avons d'abord contourné l'île d'Aix. Cette île est interdite aux voitures;  longue de 3 km, et large de 0.7 km c'est l'île de la quiétude, l'île des promeneurs piétons ou cyclistes. Dans l'ensemble militaire mis au point par Colbert à la demande de Louis XIV elle fut équipée de 2 forts, à chaque extrémité de l'île, qui étaient chargés de protéger les abords militaires de l'arsenal de Rochefort. C'est sur cette petite île que Napoléon, après Waterloo, passa ses derniers jours sur un sol français avant d'être expédié à Saint Hélène. 
Notre vedette fit ensuite le tour de Fort Boyard. Cette forteresse isolée a été, aussi, conçue dans le système défensif pour protéger le Pertuis d'Antioche des intrusions anglaises. Elle n'eut guère de rôle militaire, et a surtout servi à emprisonner les communards avant de les déporter en Nouvelle Calédonie. Au retour sur Fouras nous sommes passés près de l'île Madame sur laquelle nous nous rendrons en allant à Port des Barques.

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De retour à l'embarcadère de la Fumée, nous avons flâné en contemplant ce domaine des ostréiculteurs et des amateurs du ramassage de coquillages. La Pointe avancée vers les courants chauds est un lieu propice au développement des naissains d'huîtres et de moules.Le captage des moules de bouchot se fait sur des pieux alors que celui des huîtres se fait sur des supports collecteurs équipés de coupelles
Tout au long de la plage de la vierge on trouve des carrelets équipés de filets et lignes et j'ai eu une pensée pour Marcel et Maurice.
La presqu'île de Fouras de village de pécheurs au début du 20 ème siècle, est devenue une station balnéaire  prisée avec l'arrivée du chemin de feret des congés payés. 5 plages et 2 ports et une importante étendue boisée apportent un charme un peu désuet mais fort agréable pour des vacances familiales. Nous avons pu visiter le Fort Vauban dont le Donjon abrite un Musée régional. Le centre ville est accueillant avec ses rues piétonnes animées. Une arnaque à touristes à signalerquand même, le petit train au trajet sans intérêt et au coût excessif. A éviter, et puis marcher c'est bon pour la santé, et il y des circuits de randonnées plus intéressants. 
       S5300527.JPG

 Retour sur la rive Gauche de l'estuaire, il y a moins de touristes en arrivant à Port des Barques et j'ai l'impression qu'il a beaucoup plus d'oiseaux. Cette cité ostréicole fait nettement moins station balnéaire que Fouras; elle parait encore plus nature, du moins plus sauvage. 
C'est de Port des Barques que La Fayette sur la frégate l'Hermione appareilla le 20 mars 1780 pour faire voile vers l'Amérique. Pour l'aventure de La Fayette, lire "Les hommes de la libertés "de Claude Manceron.




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L'île Madame est minuscule avec 1 km de long et à peine la moitié de large. A marée basse on peut l'atteindre à pied (et même en voiture ce qu'on a fait. La honte). par une voie appelée la passe aux boeufs. A l'entrée de l'île par la passe une croix marque l'endroit où furent ensevelis 254 prêtres déportés par la terreur. Ils étaient morts de maladie et d'épuisement à bord de pontons à Rochefort. Ces prêtres réfractaires avaient refusé de prêter serment à la constitution de 1794.




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Le séjour tire a sa fin, avant de nous diriger vers la Seudre nous passons par Brouage qui fut au XVème siècle un port actif, voulu par Richelieu pour nuire à La Rochelle la Huguenote. Ses habitants vivaient, alors, de la production du sel ou travaillaient au port. Brouageétait  lieu de rencontre des militaires, corsaires et commerçants. Point statégique la ville avait été fortifiée. Hélas le chenal s'est envasé et l'océan s'est retiré petit à petit  et c'est toute la baie qui s'ensabla. Le déclin de Brouage a conduit à la création de Rochefort et à son essor. Nous avons parcouru la cité, ses fortifications, la halle et la poudrière. 
Grâce aux panneaux d'information nous sûmes tout de la disgrâce de Marie Mancini amour de jeunesse du roi Louis XIV, mais amour impossible que la raison d'état contraint à exiler dans cette forteresse devenue inutile. On apprend aussi que le fondateur du Québec Samuel Champlain naquit  à Brouage en 1570.



DSCN7538.JPG Enfin dernière étape avant de finir cette semaine de vacances, il  fallait aller manger des huîtres à Marennes, et je proposais d'aller à Port Cayenne. Elles furent délicieuses même si août n'est pas un mois en "r". 
Je me suis longtemps demandé d'où venait ce nom. Y avait-il un rapport avec le départ des bagnards ? Il semble que non. A Marennes il y a un chäteau du 18ème, le chäteau de Gataudière, dont le propriétaire était devenu riche en exploitant le caoutchouc en Guyane et c'est lui qui aurait ramené ce nom pour baptiser le chenal qui bordait sa propriété. 

Fin de vacances avec les petits enfants dans cette magnifique région ; franchement on se demande bien pourquoi Marcel et Maurice se plaignaient de leur séjour sur l'Estuaire de la Charente

(A suivre.)
 
 
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