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Saga Africa & co......Pour qui sont ces serpents.......?

9 Décembre 2007 , Rédigé par daniel Publié dans #saga africa

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    Cette photo qui m’a été transmise par mon cousin Michel avait pour légende « les ralentisseurs Guyanais » et elle m’a ramenée quelques 38 ans en arrière : j’ai vécu cette scène…..enfin presque ; la bestiole était un peu moins longue mais tout aussi impressionnante. Sur la photo ci-dessus je ne sais pas exactement de quel type de serpent il s’agit ; Il ressemble à un boa constrictor mais ces reptiles dépassent rarement les 4 mètres. Comme ce ne paraît pas être une zone de marécage j’aurais tendance à écarter, a priori, l’hypothèse de l’anaconda. Cela pourrait être alors une sorte de python réticulé, une belle bête qui peut atteindre 8 m de long, voire plus mais cette espèce est plutôt d’origine asiatique et je n’ai jamais entendu dire qu’il y en avait en Amazonie.
  En septembre 1969 (lire, «La Guyane …l’effet papillon ») je me suis trouvé dans une situation analogue, ça devait être un vendredi car je rentrais à Kourou avec la 403 camionnette bien remplie : je conduisais et près de moi à l’avant il y avait Charlot, l’indien de Mana et Méda Londo le chef d’équipe saramaca. Derrière il devait bien y avoir une bonne partie de l’équipe soit 5 ou 6 saramacas….quand tout à coup je vis un magnifique boa constrictor allongé en travers de la route . Je m’arrêtai à 2 ou 3 m de lui……mais, manifestement, il ne se souciait pas de nous. J’avais beau klaxonner, il se dorait au soleil et comme il ne décampait pas je n’avais pas d’autre solution que de passer dessus. Prudents, nous avons remonté les vitres du véhicule et prévenu les gars qui étaient derrière, puis je me suis mis en première et tout doucement…..boum,…boum …je passais. Je me suis arrêté 4 ou 5 mètres plus loin…et j’ai regardé dans le rétroviseur latéral…il ne bougeait pas….je m’apprêtai à ouvrir la portière, mais Charlot me retint par le bras «  Patron c’est très dangereux.»
Je fis alors un demi tour pour pouvoir mieux l’observer tout en continuant à klaxonner….il se réveillait tout doucement et commençait à bouger la tête en tous sens, pour voir qui osait l’importuner… il dut enfin réaliser qu’il était en danger et chercha à se mettre à l’abri, mais au lieu de regagner la forêt épaisse, il fila droit devant en lui en direction d’un fossé en contrebas où il était pris au piège, ce que voyant, Charlot sorti promptement pour récupérer son fusil à l’arrière du véhicule en me disant « Ça c’est bon patron, ça sera la fête, ce soir, au village».
 Il s’approcha du fossé et, quasiment à bout portant, lui tira une cartouche dans la tête, … le magnifique boïdé était flingué, mais pas encore tout à fait mort…. enfin pas tout de suite.
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En le tirant avec des branches fourchues on le hissa dans la camionnette puis tout le monde repris sa place et nous nous remîmes en route. Pas pour longtemps car au bout des quelques centaines de mètres, tous les saramacas sautaient de la voiture en marche car le boa, moribond, commençait à s’agiter dangereusement ; il avait manifestement encore quelques velléités de lutte. A coup de crosse et de gourdins Charlot, Méda et d’autres l’ont définitivement mis hors de combat…mais il était clair que plus personne ne voulait monter derrière.
 Je dus ramener le boa à Kourou avant de retourner chercher le reste de l’équipe. Arrivé au labo, on a relevé ses mensurations : 3m80 de long pour environ 25 kg.
 Avant de repartir chercher à une trentaine de kilomètres les gars qui avaient préféré ne pas voyager avec le boa, plus ou moins mort, j’ai appelé mon copain Bernard à qui je ramenais souvent diverses bestioles que l’on trouvait dans nos puits, le matin en arrivant, et qu’il fallait bien éliminer pour que les puisatiers puissent descendre poursuivre les sondages. Je ne sais pas quel marché mon copain a passé avec Charlot, toujours est-il que quelques jours plus tard, il récupérait cette jolie peau parfaitement bien nettoyée.
Bernard et Vony l’ont conservée, du moins était-elle là,  la dernière fois que nous sommes allés chez eux du côté de Monaco (mais ça doit bien remonter maintenant à plus de 25 ans) ; elle ornait leur salon au milieu d’autres spécimens, petits caïmans, lézards (dont un lézard de 1,3 m) porc-épic, et diverses mygales et autres bébêtes dont la plus grande partie provenait de nos puits.
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    Ce ne fut pas la seule aventure reptilienne que l'on connut:
  En Guyane notamment, un midi pendant la pause, autour du carbet, alors que j’étais assis sur un tronc d’arbre couché en train de manger mon casse croûte, je vis subitement Erwini foncer sur moi en brandissant sa machette …..Il frappa un Graje carreaux qui était juste devant moi et que je n’avais pas vu. Il ramassa ensuite le serpent au bout d’un bâton ; celui-ci se débattit encore un bon moment avant de se mordre……en lâchant une quantité impressionnante de venin.
Erwini et les autres Saramacas présents massacrèrent le serpent montrant ainsi la peur qu’il leur avait procuré. Je crois que ce jour là je suis passé à deux doigts …..d’autant que je ne sais pas, hormis faire un garrot, comment je me serais comporté si il avait eu morsure d’un ouvrier ou de moi même. J’avais bien une seringue et d’un vaccin l’anti-venin viperidae (non conservé en glacière) mais aurais-je su ou pu faire une injection ?
 
   Quand nous étions au Zaïre, à Inga, les 1er mois nous avions une maison proche de la forêt et là-bas le danger c’était les mambas, un serpent de la famille des élapidaes (cousin du cobra royal) dont le venin est ultra puissant…... Nous étions très inquiets et plus particulièrement pour les enfants. Un soir en rentrant nous en avons trouvé un dans le salon…ça fait froid dans le dos. Au bout de 4 ou 5 mois nous avons changé de maison, pour être logé plus au cœur de la cité et en nous écartant ainsi de la forêt : c’était plus rassurant.
A Inga on voyait pas mal de serpents, je me souviens d’avoir vu, un jour, à mes pieds un petit mamba vert. Encore un serpent au venin très dangereux mais avec une gueule si étroite qu’à moins de lui présenter un doigt ou un orteil, il y avait peu de risque. Que ce serpent est beau….et d’une rapidité extraordinaire à se déplacer.
Les serpents à Inga c’était la passion de Franck, un français de l’EDF quelque peu hurluberlu (j’ai déjà parlé de lui dans l’article « Inga, éléphant blanc et bacille Shigellas, il est le seul homme au monde à avoir descendu les rapides d’Inga ;…accroché sous son bateau qui avait chaviré, et d’en être sorti vivant.). Franck collectionnait chez lui toute sorte de serpents vivants et parmi les plus dangereux. Le problème était qu’il n’était pas sérieux, oubliant souvent de refermer ses cages, ce qui ne l’empêchait pas de dormir….mais cela inquiétait sérieusement les parents des quelques enfants scolarisés à la petite école française qui était mitoyenne de sa maison.
En plus de ça il était un peu mariole, le mec : il aimait bien faire de l’esbroufe devant les copains en exhibant ses bestioles à mains nues….et c’est ainsi qu’un dimanche, alors que j’étais en compagnie du toubib de la cité, il est arrivé chez ce dernier, en titubant et d’une pâleur cadavérique : il venait de se faire prendre par une vipère cornue. J’ai du faire l’aide soignant tandis que Doc lui injectait de l’anti-venin dans une veine en l’engueulant avec son franc parler belge habituel : « Espèce de con, continue comme ça et tu n’en as plus pour longtemps ; ton cœur vient de perdre 10 ans d’espérance de vie….. »
 
   Quand je suis allé en Guinée en 1982, pour une étude géotechnique je devais aussi faire réaliser des puits. C’était encore plus impressionnant car les puisatiers faisaient des puits très étroits, des trous d’homme de 60 à 80 cm de diamètre et ils descendaient d’au moins 10 mètres dans la latérite en creusant avec une très courte pioche et en évacuant les matériaux à l’aide  d’un seau tiré grâce à une corde par un camarade. Il fallait déterminer le niveau du substratum pour fonder le futur barrage collinaire. (Ça coûtait moins cher que de faire venir une foreuse ! et puis ça donnait du travail aux locaux).
En Guinée on parlait beaucoup de serpents mais j’en ai vu très peu. Des petits serpents verts dont on faisait une réputation assassine en les nommant « serpent minute », ce qui, d’après les spécialistes, était une fausse rumeur Les puisatiers soussous qui avaient un bon sens de l’humour, les appelaient d’ailleurs « fini la joie » ….mais ils n’avaient pourtant pas l’air trop effrayé le matin quand ils faisaient le ménage au fond des puits avant de reprendre le travail…j’ai même vu que, comme tout un chacun, la plupart craignait plus les tarentules, que les serpents.  
  
  Et puis en Afrique il y a le serpent boy…c’est de loin le plus malin de tous les serpents.
La profession de boy est, en Afrique, une des plus nobles….et les boys « anciens », qui étaient, souvent rattachés à la maison que l’administration ou l’entreprise nous attribuait, aimaient bien faire comprendre à la dame de l’expatrié que le patron de la maison ce devait être eux. Il y avait assez souvent des rapports conflictuels entre boy et « Madame » et c’était assez fréquent dans ces années 70 à 80 avec des boys qui avaient connu la belle époque coloniale et qui se retrouvait soudain face à des coopérants….qui avaient une toute autre approche. Ce n’était plus du tout pareil, surtout quand la dame ne voulait pas prendre le bon pli, qu’elle désirait s'occuper des repas, de la gestion du linge cantonnant le pauvre boy aux tâches ingrates et dégradantes de laver parterre, d'éplucher les légumes et de repasser… et encore pas le linge délicat.
 Aussi voyait-on alors parfois apparaître de petits serpents, a priori inoffensifs mais toujours impressionnants dans les réserves de nourriture ou dans les paniers de linge sale…..c’est ce que fit Chrisostome lorsque nous sommes arrivés à Yaoundé pour signifier à Pilou qu’elle devait s’occuper de ce qui la regardait c'est-à-dire pas grand-chose à la maison.
Heureusement nous avons rapidement changé de maison et changé de boy…. Le nouveau, Pierre, débutait et c'était le jeune frère du boy d’amis. Il était super sympa et n’aimait pas du tout les serpents pour en avoir vu en brousse du temps ou il était un jeune instituteur….maintenant il avait la chance de sa vie en apprenant le noble métier de boy et il ne voulait surtout pas déplaire à « Madame »…
 
 (à suivre)
 
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