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Saga africa & co..... Semaine de l'amitié franco camerounaise.

15 Mai 2008 , Rédigé par daniel Publié dans #saga africa

 Cette semaine de l'amitié franco-camerounaise s'est déroulée en fait sur 9 jours du 3 au 12 mai 1985 avec des manifestations, des spectacles, des expositions, des conférences et même des rencontres sportives, le tout réparti entre Douala et Yaoundé. 
 Elle fut initiée par l'Association démocratique des français de l'étranger (ADFE) et placée sous le haut patronage du gouvernement de la République du Cameroun, mais au-delà de ces patronages qui lui donnèrent une tonalité officielle, ce fut surtout une vraie et belle fête entre amis. Bien sûr nous n'avons participé qu'à la semaine de Yaoundé mais de nombreuses manifestations tournaient entre les deux capitales, avec cependant quelques différences  :

 La nuit du jazz à Douala a bénéficié de la présence de Manu Dibango, qui n'a pu se libérer pour Yaoundé.
 La table ronde-débat a concerné « La prospection du pétrole au Cameroun » à Douala et « Alimentation et santé en Afrique »  à Yaoundé.
 Il y eut beaucoup de sports à Douala dont un tournoi de rugby à 7 mais le festival de cinéma n'eut lieu qu'à Yaoundé.
 Cette programmation cinéma fut riche et elle fut même à deux doigts d'être exceptionnelle si la venue de Jean Jacques Annaud longtemps espérée avait pu se concrétiser ; Il ne s'est décommandé que quelques semaines avant cette semaine culturelle. J.J. Annaud est un amoureux du Cameroun où il fit son service militaire et qui a servi de cadre en 1976 à son premier film, « La victoire en chantant ». Bref, il n'a pas pu venir présider ce mini festival mais on eut quand même de bien belles projections. Deux merveilleux films  africains : Wend Kuni » de Gaston Gaboré  (1982) et « Remparts d'argile » de Jean Louis Bertulleci  (1968). Je me suis passionné pour ces nuits de cinéma tant je pense que l'Afrique a un bel avenir dans le cinéma, malheureusement, encore, insuffisamment exploité 23 ans plus tard. Enfin le festival s'est terminé par la projection du difficile film sur les handicapés « Le regard des autres ».
 Il y eut aussi des concerts : La nuit du Jazz à l'université de Yaoundé, de la musique classique à l'Institut Goèthe. Bien sûr nous n'avons pas pu assister à tout.  Il y eut encore un hommage à deux écrivains camerounais qui venaient de disparaître : Bernard Nanga et Joseph Tchundjang Pouem.

 Il y eut surtout au cours de cette semaine de l'amitié deux événements majeurs :
 D'abord un débat « politique», dans un pays qui n'avait pas encore la télévision, avec pour thème « La France et le Cameroun en 1985». Un an après la tentative de putsch, deux ans après la visite de François Mitterrand et l'arrivée à la tête de l'état camerounais de Paul Biya. Le sujet était d'actualité et opposait Henri Bandolo rédacteur en chef du Cameroun Tribune  (en quelque sorte le Figaro camerounais) et Jean François Bayard un intellectuel français, chercheur au CNRS qui venait de publier un excellent livre « La politique africaine de François Mitterrand ». La salle disposait de 500 places mais on aurait pu faire entrer trois fois plus de monde et il y eut d'ailleurs des manifestations de mauvaise humeur que le débat ne soit retransmis par haut-parleurs à l'extérieur. Le débat fut passionnant et Bayard, à sa très grande surprise, fut ovationné. En fait il ne savait pas qu'il avait une énorme popularité au Cameroun dans les milieux universitaires en raison d'un livre qu'il avait publié en 1977 " L'état au Cameroun " qui avait eu un retentissement extraordinaire, tout en circulant exclusivement sous la tunique ou la djellaba.
 Comme j'étais en charge de l'accompagner j'ai été amusé de voir l'étonnement de ce brillant chercheur (qui avait vécu enfant au Cameroun). Depuis il est devenu une référence intellectuelle : on peut le lire dans « Alternatives économiques » et dans « Alternatives internationales » Il a aussi publié « L'état en Afrique » en 1989 et un très curieux et passionnant essai « L'illusion identitaire » en 1996.

 Autre événement phare, le grand Gala avec en première partie le chanteur camerounais Serge Minsy dit le roi du Sekle et en vedette Maxime le Forestier. J'aimais bien Maxime chanteur soixante-huitard, mais je l'avais surtout redécouvert en 1980 avec un superbe 33 tours enregistré en public à la Gaîté Montparnasse « Le Forestier chante Brassens » avec 13 « merveilles » : tout y est bon, il n' y a rien a jeté..... avec quand même trois titres que j'écoutais plus que les autres : «  Dans l'eau de la Claire Fontaine » en version Bossa Nova, « Les passantes » que je l'avais d'ailleurs vu chanter avec Brassens à la télévision (chez Chancel à la demande de Lino Ventura), et un magnifique « Histoire de faussaire » sur un tempo jazzy, un délice.
 Maxime était accompagné par Jean-Félix Lalanne. Ils interprétèrent des chansons récentes, peu connues de nous autres expatriés, et des plus anciennes de son répertoire que nous avions tous en tête et puis vers le milieu de son récital il attaqua « Dans l'eau de la Claire Fontaine » version bossa nova avant de demander au public si on en voulait une autre de Brassens et si quelqu'un avait une préférence .... Je me suis dégonflé de demander le "Faussaire " ...et comme personne ne réclamait vraiment.... Il embraya avec « Oncle Archibald » encore une merveille de son enregistrement de la Gaîté Montparnasse. :
" Oh vous les arracheurs de dents, tous les cafards, les charlatans, les prophètes, comptez plus sur oncle Archibald pour payer les violons du bal à vos fêtes...." 


 Après le spectacle nous sommes allé manger au quartier dans un « Chantier » dans les bonnes senteurs de poulets grillés et de nuit africaine. Pilou et moi étions installés près de lui et à table nous étions une petite douzaine.
 Il voulait tout savoir de l'Afrique où il venait pour la première fois, moi je voulais tout savoir de Georges Brassens, on parla aussi un peu de politique (l'ADFE étant clairement engagé à gauche), on l'a interrogé sur sa carrière, il a voulu savoir ce que nous, nous faisions en Afrique et quand je lui ai dit que j'y construisais des routes des ponts et des barrages il devint très curieux.... Je lui ai quand même dit que l'une des chansons préférées de son répertoire était  comme un arbre.... planté entre béton et bitume, ce qui le fit sourire.  Au bout de la nuit, très tôt le matin, nous l'avons raccompagné à l'hôtel au Mont Fébé. Cette nuit du mercredi 8 mai au jeudi 9 mai 1985 reste dans ma mémoire une très, très belle nuit magique. Je me rappelle qu'à un moment de notre discussion je lui ai dit que si je partais sur une île déserte avec un tourne-disque et seulement 3 disques il y aurait "Montand chante Prévert", "Ferrat chante Aragon" et "Le Forestier chante Brassens" : comme il a vu que j'avais l'air sincère il en a rougi.

 Depuis que nous sommes rentrés en France, à Niort, nous sommes allés voir plusieurs fois un spectacle de Maxime. En 1988 puis en 1998 quand il commença sa tournée du « Cahier » pour chanter Brassens, seul à la guitare. A la fin du spectacle Pilou et Cécile voulaient qu'on aille le voir et qu'on reparle de cette soirée de Yaoundé. Je n'ai pas voulu, je trouvai que c'était ridicule 13 ans plus tard, et puis je ne voulais pas "emmerder" un chanteur qui sortait de scène.
  Le 25 janvier 2006 Le Forestier a fait une nouvelle tournée Brassens avec un nouveau « Cahier ». Bien sûr nous y sommes allés à nouveau (mais sans Cécile). A la fin du spectacle, sans me demander mon avis, sans m'attendre, Pilou s'est dirigée vers les loges....j'ai suivi bien sûr.... et nous sommes tombés sur Maxime... on s'est présenté et puis on a discuté pendant 5 à 10 minutes de cette tournée, sa première, en Afrique, celle d'avant « Etre né quelque part » ; il en gardait un excellent souvenir. Il se souvenait vaguement de cette soirée africaine, encore qu'il en avait connu une seconde le lendemain à Douala et il mélangeait un peu les deux. Un agréable moment, un chic type.
 « Ah tu vois si tu avais bien voulu qu'on aille le voir en 1998 » m'a dit, Cécile ma fille, furieuse de ne pas avoir pu nous accompagner en janvier 2006.

 
A suivre.

 

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