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Ciné-cure..... Le salaire de la peur, les diaboliques, la vérité...

12 Octobre 2013 , Rédigé par niduab Publié dans #ciné-cure

Avec ce titre, le lecteur cinéphile aura déjà compris que ce billet concerne le cinéaste Henri-Georges Clouzot. J’imagine mon ami Richard, m’apostrophant une nouvelle fois me reprochant de faire une fixation sur les films que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Mais cette fois c’est particulier car Clouzot était niortais et c’est bien la moindre des choses que je m’intéresse à lui, comme j’ai pu le faire pour d’autres illustres natifs comme Jacques de Liniers ou Madame de Maintenon ou autres.  Mon cher, on a les gloires des temps jadis qu’on peut. 

  Henri-Georges est donc né à Niort le 20 novembre 1907. Ses parents  Georges et Suzanne y tenaient une librairie au 22 rue Victor Hugo. Son père et sa mère étaient de fin lettrés, Georges était aussi photographe amateur et Suzanne  musicienne, aussi n’est-ce pas un hasard que dès son plus jeune âge, Henri-Georges montre un goût prononcé pour la littérature, la musique et le dessin. « Ses lectures et l’exemple d’un grand-père marin lui font choisir une carrière d’officier de marine. Les affaires étant mauvaise, la famille Clouzot quitte Niort pour Brest. Toutefois, en Bretagne, il échoue au concours de l’école navale Il part donc à Paris en 1927 et se consacre au journalisme, tout en mettant un pied dans le monde du music-hall. Adolphe Osso, scénariste et dialoguiste l’engage alors. Il commence à travailler pour le cinéma, en France mais aussi beaucoup en Allemagne. (Vivre à Niort n° 180) » . En 1931, il réalisa un court-métrage  de 15 minutes ‘’La terreur des Batignolles’’.

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Pourtant comme beaucoup d’artistes de l’époque c’est surtout le théâtre qui le fascinait. Il se lia avec Louis Jouvet qui l’encouragea. Ses velléités d’auteur dramatique auront des fortunes diverses. Il tomba malade à 28 ans et la tuberculose l’obligea à stopper sa jeune carrière pendant quatre années qu’il passa en sanatorium dans les Alpes à lire et écrire pour combattre l’ennui.

  « De retour à Paris en 1938, il fait la rencontre de deux acteurs de premier plan, Suzy Delair et Pierre Fresnay, qui auront une grande place dans sa vie et sa carrière. Suzy Delair sera sa compagne pendant 12 ans, et Fresnay son mentor. La première parigote et paillarde influença sa vision populaire, le second l’initia à une écriture cinématographique moderne. Denis Parent. Juin 96. Studio Magazine n°112)  

  Le sanatorium a façonné en lui une morale pessimiste qui sera sa marque de création, mais c’est la guerre et l’occupation qui font de lui un grand cinéaste. De tous les cinéastes qui ont travaillé sous l’occupation il sera longtemps  le plus honni car non seulement il a travaillé pour la firme Continental dirigé par l’allemand Alfred Greven, installé à ce poste par Goebbels, mais surtout parce qu’il il a réalisé en 1942 « Le Corbeau »  le film maudit.

Mais auparavant il avait  tourné en 1941 un excellent film policier « L’assassin habite au 21» : Un mystérieux assassin commet des meurtres en série et laisse sur ses cadavres sa carte de visite au nom de M. Durand. Le commissaire de police (Pierre Fresnay) mène l’enquête  Ses investigations le conduisent rapidement dans une pension de famille où se cache le coupable. Il n’aura alors de cesse de le démasquer parmi les locataires. Le casting réunit autours de Fresnay, Suzy Delair, Pierre Larquey, Noël Roquevert, Jean Tissier, trois très grands acteurs de seconds rôles de l'époque.  

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     Le deuxième film fut donc « Le Corbeau » toujours avec Pierre Fresnay dans le rôle d’un médecin d’une petite ville de province, qui reçoit des lettres anonymes signées Le Corbeau l'accusant de plusieurs méfaits. A l’affiche on retrouvait Larquey et Roquevert, et en plus Louis Seigner et Ginette Leclerc. «  La Résistance accusa Clouzot d’avoir fait un film ‘’anti-français’’ servant la propagande allemande d’une France veule et dénaturée. Excédé, Clouzot quitta la Continental en Octobre 1943 et ne put faire aboutir d’autres projets pendant l’Occupation. A la libération il fait partie des huit cinéastes à être suspendus d’activité. Le film est l’un des trois films interdits d’exploitation. Malgré les témoignages de Cocteau, Sartres, de Becker et de diverses personnalités de la Résistances, rien n’y fait. Clouzot est interdit de plateau . Sanction ubuesque  D’appels en comités de soutiens, Clouzot ne touchera à nouveau une caméra qu’en février 1947 pour son troisième film ‘’Quai des Orfèvres’’. Denis Parent..  »  

  C’est un nouveau Clouzot qui est revenu, talentueux mais irascible, coléreux. Le scénario de ''Quai des orfèvres'' est tiré d’un roman policier d’André Steeman, comme c’était déjà le cas pour ‘’L’assassin habite au 21’’. Cette fois le rôle de l’inspecteur de police revient à Louis Jouvet : Une chanteuse de music-hall accepte l'invitation à dîner d’un homme riche qui peut l'aider dans sa carrière. Son mari jaloux et se croyant trompé se rend chez   son rival et le découvre assassiné. L’Inspecteur enquête…. La chanteuse est interprétée par sa compagne Suzy Delair, le mari est  Bernard Blier. On retrouve au casting Larquey, mais aussi Charles Dullin et Raymond Bussière ….. et parmi les figurants un jeune homme qui est mon oncle Didi. Ce film est considéré par des spécialistes comme le meilleur de Louis Jouvet.  Pour ce film Clouzot sera récompensé à la Mostra de Venise obtenant le prix de meilleur réalisateur.  

 Je dois aussi citer la participation en 1948 de Clouzot à ''Retour à la vie'', un film à sketchs, comme ça se faisait beaucoup à l'époque en France et en Italie. Les autres coréalisateurs étaient Cayatte, Lampins et Dreville......Mais je n'ai pas vu ce film.

  Suivront deux films que je ne connais pas non plus  «  Manon » en 1949 et « Miquette et sa mère » en 1950.

  « Manon » devait être un bon film puisqu’il fut récompensé par le Lion d’or à la Mostra en 1949. Au générique il y avait Cécile Aubry, Michel Auclair et Serge Reggiani  tous les trois, acteurs débutants.. L’histoire serait celle de Manon Lescaut, replacée dans l’époque façon ''Exodus''.

  « Minette et sa mère » est l’adaptation au cinéma d’une comédie de boulevard avec Louis Jouvet, Danielle Delorme et Bourvil. Ce film, que je ne connais pas, aurait connu un bide total.

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  Clouzot retrouve le succès en 1953 avec  « Le salaire de la peur » film mythique qui fut doublement récompensé : Ours d’or au festival de Berlin et Palme d’or et Prix d’interprétation pour Charles Vanel au festival de Cannes. «C’est l’unique vrai film d’aventures du cinéaste et l’on peut regretter qu’il n’ait pas persévéré.(D.P)» L’histoire du camion de nitroglycérine qui menace d’exploser à tout moment et de ses chauffeurs a marqué toute une génération. Il fut tourné en Camargue pour une histoire sensée se passer au fin fond d’une république bananière d’Amérique latine: «  C’est une œuvre de cinéma pur d’une grande virtuosité dramatique. Le tournage fut un véritable calvaire. Pour une fois, les éléments furent pires que le metteur en scène..(D.P. Le film est tiré d’un  roman de Georges Arnaud. Au générique il y a Charles Vanel, Yves Montand, et Vera Clouzot, d’origine brésilienne dont Clouzot est tombé amoureux et qu’il a épousé en janvier 1950.

  L’année suivante le cinéaste offrait encore un film choc, mais cette fois tourné en studio : Les Diaboliques. «  C’est Véra qui lui a mis entre les mains un livre de Boileau et Bergerac dont le titre est ‘’Celle qui n’était plus’’, un roman policier avec des personnages possédés comme les aime Henri-Georges. Simone Signoret, Véra Clouzot et Paul Meurisse constitue le trio infernal de cette œuvre à la limite du fantastique où Clouzot combine angoisse psychologique, peinture de mœurs et effets terrifiants. (Denis Parent..) » Au générique on retrouve encore Charles Vanel, le flic, et pour les seconds rôles Larquey, Roquevert, et des débutants comme Serrault, Lefèvre, etc…. Non cette fois dans le lot des figurants il n’y a pas mon oncle Didi, mais on aperçoit un môme qui se nomme Jean-Philippe Smet…. Simone Signoret dans son livre «La nostalgie n’est plus ce qu’elle était » évoque longuement  le tournage difficile et tendu de ce film : « Avec Clouzot, on se disputait, on se réconciliait, Véra arbitrait ou mettait de l’huile sur le feu, ça dépendait de son humeur… ».  

  Malgré ces difficultés le film est un chef d'oeuvre qui fut bien reçu par le public et la critique . Il obtint de nombreuses récompenses dont le Prix Louis Leduc. Il aura droit comme ''Le corbeau'' et ''Le salaire de la peur'' à son remake Hollywoodien. Ai-je besoin de rappeler qu'il y a à Niort une association de cinéphiles qui se nomme ''Les diaboliques''. Lien en colonne ''Blogs amis'' et avec un billet suite à un différent avec cette association

       Revenons à notre mouton noir du cinéma français pour évoquer plus succinctement sa fin de carrière. Clouzot sur son denier film avait eu des problèmes relationnels avec Paul Meurisse et Simone Signoret. Il réfutait leur jeu traditionnel et avait pris aussi ses distances avec ses mentors Pierre Fresnay et Louis Jouvet ; il voulait ,maintenant, travailler avec des acteurs moins formatés par le théâtre pour pouvoir les façonner selon ses désirs et par des pressions psychologiques en cours de tournage.

 Il a  pris son temps réalisant d'abord en 1955 « Le mystère Picasso » un film documentaire, sans acteur, autre que le maître lui-même. Un film documentaire qui lui a quand même permis d’obtenir le prix du jury au festival de Cannes.

Il devait revenir au film fiction avec « Les espions » sorti en 1957 et là il voulut expérimenter, réaliser son film tel qui le rêvait, un film d’auteur avec des acteurs dociles.  «  Mais cette logique allait lui faire tourner le dos à la notion de spectacle, où s’exprimait pourtant la quintessence de son talent et ne fit qu'un film artificiel. Le cinéaste rêvait d’un récit Kafkaïen dans un lieu presque clos et vecteur de toutes les angoisses. Mais un casting hétéroclite (Curt Jurgens, Gérard Séty, Véra Clouzot, Peter Ustinov), doublé d’un scénario fumeux rebutèrent le public. Le scénariste Henri Jeanson eut cette phrase terrible pour qualifier le film : «  Clouzot a fait Kafka dans sa culotte….. Denis Parent ». Je n’ai jamais vu ce film là, ou alors il y a longtemps, ou bien j’ai oublié, ou il n’était pas bon, enfin je ne sais pas ……,

Clouzot offrira au public en 1960 « La vérité » son dernier film qui connut du succès. Véra Clouzot qui avait une santé précaire ne pouvait plus tenir le rôle féminin principal,  il choisit alors Brigitte Bardot qui était déjà une star sexe-symbole. « On croit à un ‘’coup ’ mais cette rencontre est plus harmonieuse qu’il ne  parait. Clouzot cherche toujours la grande actrice vierge, totalement dénuée de l’empreinte du théâtre à laquelle il pourra donner une dimension nouvelle. Docile Bardot se soumit aux leçons du professeur Clouzot.  Denis Parent. ». Le film relate une histoire judiciaire sans effet d’intrigue, juste pour cerner la complexité des êtres et des faits. Au casting il y avait encore l’ami Charles Vanel et l’ennemi juré Paul Meurisse, indispensable pour garantir que le tournage se fasse bien sous tension et que le film accouche dans la douleur. Il y avait aussi les jeunes Sami Frey et Marie José Nat.  

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Avec ce film Clouzot renoua avec le succès. Le critique du Monde écrivit : « Un scénario dont l'architecture est un modèle d'ingéniosité et de précision, une mise en scène qui ne laisse pas l'ombre d'une chance au hasard, une interprétation dirigée de main de maître, voilà ce que nous offre La Vérité. ». Clouzot obtiendra le prix du meilleur réalisateur pour ce film au festival de Mar del Plata.    

 Quelques jours après la sortie du film Vera Clouzot meurt victime d’une crise cardiaque  

En 1964 Clouzot se lançait dans une nouvelle aventure avec un film  intitulé  « L’Enfer »  ce que fut effectivement  le tournage. Les deux acteurs principaux étaient Romy Schneider et Serge Reggiani. Ce dernier dépressif déclara forfait au bout de quelques semaines et fut remplacé par Jean Louis Trintignant…… puis ce fut au tour de Clouzot d’être victime d’un infarctus. Il ne reprit jamais le tournage et le film fut abandonné.

En 1994, Claude Chabrol reprendra le scénario de Clouzot pour réaliser son propre film. En 2009 est sorti « L’enfer d’Henri-Georges Clouzot » de Serge Bomberg documentaire réalisé à partir des archives. de Clouzot. ». Je n’ai pas vu ce documentaire.  

Je n’ai pas vu non plus le dernier film de Clouzot « La Prisonnière » tourné en 1968. Ce film dont les thème principaux sont la photographie et la jalousie avait pour acteurs principaux  Laurent Terzieff, Bernard Fresson et Elisabeth Wiener. Ce film est quasiment passé inaperçu, et Clouzot désabusé dut mettre fin à sa carrière.

Henri-Georges, le cinéaste tyrannique est mort le 12 janvier 1977 à 69 ans.

  Ajout du 13 octobre

 

Traditionnellement je termine mes billets par une exploitation caustique et politique du titre, et le plus souvent avec un sujet d’actualité. Aujourd’hui, gloire locale oblige, je vais évoquer la situation politique locale, ce qui est, habituellement traité dans la rubrique ‘’trop poli-tique.’’

Clouzot était niortais et il faut bien reconnaître que les titres de ses films collent assez bien à sa ville et à l’ambiance politique qui y règne en ce moment.« Le corbeau » par exemple pourrait me permettre d’évoquer une étrange et stupide rumeur qui circule depuis plusieurs mois. La municipalité monnaierait l’accueil d’étranges métèques, suspects et donc dangereux, transférés en échanges de subventions du Conseil Général 93, département dont arriveraient ces parias. Invraisemblable Mercato !.  

Ce type de rumeur circule en France dans de nombreuses villes de taille moyenne qui ont  fait de gros efforts d’investissements pour améliorer leur centre ville et se heurtent au conservatisme patrimonial.

 « Les Espions » à mettre au singulier car j’étais tout seul. Pour la deuxième fois j’ai suivi une réunion organisée jeudi dernier par le Iznogoud local. Finalement je ne regrette pas d’y être allé car je me suis rendu compte que dans les troupes qui suivent le bonhomme, nombreux sont ceux qui confondent le PS et le Cid Unati. Des conservateurs poujadistes dont le principal mot d’ordre, hors exploitation excessive du thème du cumul des mandats, est «la liberté de circulation et de stationnement des voitures en centre ville »  

« Les diaboliques » : les mêmes, ou du moins la plupart, les plus grandes gueules que Iznogoud ne maitrise plus et qui veulent avant tout chasser la maire actuelle lors des prochaines élections.  

« Le salaire de la peur » ou la trouille d’Iznogoud qui ne sait pas comment sortir de l’embrouille dans laquelle il s’est mis depuis plus d’un an et qui s’inquiète aujourd’hui des conséquences. Une situation qui répond aussi au film « Retour à la vie »…à la vie politique bien sûr.    

« La vérité » ou du moins quelques accents de vérité quand Iznogoud déclare qu’une liste dissidente entraînerait la perte de la ville pour la gauche et que jamais il ne conduirait une telle liste.  

« La prisonnière », non pas madame le maire, mais peur-être la campagne électorale de l'équipe en place qui ne peut être lancée. A coup sûr la démocratie si n'importe qui peut adhérer dans un parti, pour y faire du lobbying, et sans présentation préalable aux militants.      

J’ai beau me décarcasser je ne vois pas comment exploiter « Manon », « Minette et sa mère » ni même « L’assassin habite au 21 » à moins que l’apothicaire qui m’a traité d’œil de Moscou, habite réellement au 21, mais ce serait un curieux hasard.  

Pour « Quai des orfèvres » je peux, avec circonvolution, reconnaitre qu’Iznogoud est un orfèvre en embrouille politique. D’ici à ce qu’il reste à quai !    

Quand à « L’enfer » film qui ne fut jamais fini, on ne peut qu’espérer que ça soit la conclusion de l’aventure d’Iznogoud et de ses sbires pour que l’équipe municipale, qui a fait un aussi bon boulot depuis bientôt six ans, puisse poursuivre sa tâche de modernisation de la ville.  

   

(A suivre)

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