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L'invitée...................Constance

5 Août 2012 , Rédigé par niduab Publié dans #L'invité

constance

 

« Les transports :

Pour se déplacer, presque tous les Niortais ont une voiture, parfois deux. Il y a aussi des transports en commun par des bus que prennent surtout les scolaires et les personnes âgées ? sans même parler des trains et TGV…. Au Togo, rien de tout cela. Les minibus et camions roulent très surchargés. Quand il y a un accident, les dégâts humains sont souvent considérables.

Et puis, en France, il existe de bonnes routes goudronnées, même dans les campagnes les plus reculées, des autoroutes aussi…. Alors que les rues d’Atakpamé ce sont des pierres, de la terre, des trous…. Ce qui rend la circulation difficile surtout pour aller sur les collines. La route nationale N°1 est bien goudronnée, ainsi que quelques autres, mais pas toujours entretenue, faute de moyens. Et la ligne de chemin de fer ne fonctionne plus depuis des années.

 

Pourquoi tant de différence ?

Vous comprendrez que quand je change de maison cela me fasse drôle ! Certes je m’y suis habituée, mais avec les années je me pose tout de même de plus en plus de questions. Pourquoi tant de différences ? L’histoire, la géographie, les différences climatiques, n’expliquent pas tout. Au fil des ans, et avec mes études, je me documente, je cherche à comprendre. D’un côté, au Togo, comme dans beaucoup de pays africains, l’espérance de vie est de 58 ans, alors qu’en France elle est de 81 ans. Ce sont des moyennes. Et pour les femmes, cette moyenne est plus élevée dans les deux pays.

 

La santé

Bien entendu, en France il y a une Sécurité Sociale, des Mutuelles, des hôpitaux super bien équipée, des cliniques, des pharmacies, des médecins, chirurgiens, infirmières en grand nombre, même si j’entends dire de plus en plus que certaines régions en ont moins que d’autres. Mais je crois savoir que la situation est plus difficile dans bien d’autres pays d’Europe, même en Grande Bretagne ainsi qu’aux Etats-Unis où les soins hospitaliers et d’autres ne sont pas remboursés comme en France. Il faut aussi noter qu’en France nous avons de nombreuses maisons de retraite, tous les établissements pour handicapés, accidentés…. Alors qu’au Togo, comme dans tous les autres pays africains, il n’en est rien. Et puis la nourriture est de bonne qualité, variée, très surveillée… La France n’est-elle pas le pays au monde où la nourriture est la meilleure.

 

L’éducation

Le  Togo, l’Afrique en général, est très loin de tout ça. Je crois que nous pouvons dire que le continent africain n’a pas le minimum pour répondre aux besoins essentiels en matière de santé, d’eau, d’assainissements, de diversité et de qualité alimentaire. Et ce n’est pas tout. D’un côté, ici, en France, la scolarisation est générale avec de nombreux établissements de qualité qui vont de l’école maternelle à l’enseignement supérieure, à la recherche …. Il existe même la formation permanente pour adultes. Dans les pays africains, la scolarisation progresse, certes mais il reste tellement à faire, surtout pour la scolarisation des jeunes filles. Là aussi le fossé est considérable entre la France et le Togo, entre la France et l’Afrique.

 

Gros point noir

  Un gros point noir quand même en France et en Europe, c’est le nombre important de chômeurs qui a fortement progressé ces dernières années avec le recul de l’industrie. Heureusement, il existe pour eux des droits, des indemnisations, de nombreuses possibilités, des associations qui jouent la solidarité et l’entraide. Tous ces dispositifs n’existent pas dans les pays africains où chacun doit se débrouiller., surtout au sein de sa famille, ce qui fonctionne encore bien dans les régions rurales, mais qui est beaucoup plus difficile dans les villes ?

 

  Les villes.

  Les villes, parlons en aussi : Par exemple ici à Niort, nous avons pour le sport et la culture comme pour tous les autres loisirs de nombreux équipements : salles de sport, stades, maisons de quartier, salles de cinéma, salles de gym, de danse, école de dessin, de musique, Centre culturel, et même un nouvel équipement pour les grands évènements. Le centre-ville se rénove à nouveau avec des travaux aux Halles, rue Victor Hugo,  rue Ricard….

  La ville d’Atakpamé à côté ! Avec ses pourtant 90.000 habitants ! Un vieux stade, une petite salle de cinéma, et, on peut le dire grâce à la coopération avec Niort, une Bibliothèque municipale, un Centre d’accueil, un Centre culturel, des latrines publiques, un ramassage des déchets ménagers avec remorques et tracteur, ceci hélas en nombre insuffisant, des marchés qui sont maintenant mieux structurés pour les céréales, les fruits ou les poissons.

 

  Union Européenne et Africaine

  J’ai bien compris maintenant que la France est, avec l’Allemagne, au cœur de l’Europe unie qui s’est créé, avec sa monnaie l’Euro. C’est tout de même une force supplémentaire cette Union Européenne, face aux autres forces montantes comme la Chine, l’Inde, le Brésil… Les pays africains ont, eux aussi, l’union Africaine, mais cette structure est encore bien trop faible et ses moyens limités. Nombre de pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Togo et le Bénin sont encore au Franc CFA. C’est -à-dire que nous sommes encore sous dépendance financière de la France, sous couvert de l’Europe ! A quand une monnaie africaine comme la monnaie européenne ?

 

  Quel regard ?

  Quand je suis à Niort, j’entends un peu de tout sur l’Afrique. Il y a encore toutes ces personnes qui prennent l’Afrique pour un seul pays, alors que ce continent en comprend 54 !... Les différences ne sont-elles pas énormes entre l’Algérie, le Soudan ou l’Afrique du Sud ! Il y a aussi tous ceux qui idéalisent la culture africaine parce qu’elle serait, selon eux, porteuse de toutes les qualités ancestrales. Tous ceux, si nombreux, qui continuent d’avoir un regard paternalistes vers ces pauvres petits noirs qu’il faut aider. Des restes, bien souvent inconscients, du beau temps de la colonisation et de ses missionnaires. Les vrais racistes ne se rencontrent pas beaucoup, en tout cas ne s’affichent pas comme tels, même si le Front National entretient fortement l’idée de la lutte à mener contre l’immigration qui serait la cause de tous les maux ; mais les des personnes indifférentes, oui, bien sûr, on en croise souvent. Et puis, je suis toujours surprise de voir dans des livres, des films et revues une représentation de l’Afrique au travers du petit village avec sa case ronde en terre, ses animaux sauvages….. Oui, certainement, ça existe encore, mais l’Africain ne vit-il pas de plus en plus en ville ? Comment expliquer que l’Afrique semble être le seul continent que l’on caricature ainsi ? Et chez les jeunes enfants ces clichés ont une réelle influence sur leurs réflexions, bien sûr pas méchantes, mais cependant ambigües et révélatrices des mentalités ambiantes.

 

  L’humanitaire en question

  Plus les années passent, plus je suis surprise de certaines démarches, dites humanitaires en direction de l’Afrique. Quelques exemples : Ces jeunes lycéens qui ici, en France, n’ont jamais touché une pelle ou une pioche et qui vont travailler à la construction d’une école au Togo ! Comme s’il n’y avait pas de professionnels compétents dans ses métiers du bâtiment sur place. Oui, on m’a expliqué que c’était le prétexte, que ce qui comptait c’était les relations qui s’établissaient, etc…. alors dans ce cas il faut changer de démarche et ne pas faire croire que les Togolais sont incompétents. Autre exemple, cette femme qui a vécu un mois au Bénin pour donner des cours de soins dans un dispensaire jusqu’à être fière d’avoir effectué un accouchement. Dans la conversation je la croyais infirmière. Non, ici à Niort elle est dans le commercial ! Et deux autres femmes qui vont enseigner au Mali pendant un mois également, sont-elles dans l’éducation ici en France ? Pas du tout. Bien sûr, toutes ces démarches partent d’un bon sentiment, se rendre utile, être humanitaire, solidaire….le cœur gros comme ça ! Mais, c’est comme pour les envois de matériel usagés, j’ai vraiment le sentiment que pour le continent africain tout est bon. Et que comme l’Africain est gentil, qu’il ne dit jamais non, surtout à un blanc, et qu’il espère toujours tirer quelques profits au contact des blancs qu’il s’empresse de remercier, de fêter même….la boucle est bouclée….tout le monde est content et ça continue ! Je voudrais enfin vous dire que ce qui me frappe le plus quand je voyage et que je compare nos deux villes, ou nos deux pays, ce sont les milliers de livres qui sortent ici, en France, ainsi que toutes ces revues et journaux qui envahissent les kiosques des gares et autres magasins. Ou bien encore ces rayons de grandes surfaces qui regorgent d’aliments pour chiens et chats. Une fois je suis allée au port des minimes à La Rochelle, et là aussi, que de richesse dans ces milliers de bateaux. Et on nous dit que c’est la crise !

 

  Le poids des habitudes

  Quand je suis à Atakpamé, c’est vraiment différent. On voudrait tant voir de choses comme les européens ou les américains. Bien sûr, les traditions africaines sont encore fortes, les croyances sont enracinées, encore plus au Bénin, sans doute, avec le culte du Vaudou. Mais les croyances animistes, qui se sont mêlées aux autres religions venues de la colonisation sont toujours présentes. Je me demande même si certaines pratiques n’iraient pas jusqu’à des comportements sectaires. On dit que les sectes se développent en Afrique. En tout cas le fatalisme est largement entretenu dans ces traditions. Mais aujourd’hui, avec les moyens de communication si répandus : téléphone portable, internet, l’ouverture au monde est irréversible comme le prouve le succès du cybercafé d’Atakpamé qui attire tellement de jeunes. En 2012 les jeunes Togolais sont bien informés sur tout ce qui se passe sur cette planète. Ils savent maintenant qu’en France la vie n’est pas forcément facile pour de nombreux immigrés. Cette circulation de l’information est finalement une bonne chose. En Tunisie, les portables n’ont-ils pas joué un rôle important dans les mouvements de révolte des libertés ? Alors, oui, il faut  le dire, la jeunesse africaine aspire, elle aussi, aux libertés, à la modernité, à de meilleures conditions de vie, et les regards sont souvent tournés vers l’Europe, la France en particulier.

 

  Les libertés

  Alors, je voudrais parler de ce pays des droits de l’homme, de la démocratie, des libertés, que nous respirons en France, alors qu’au Togo les dirigeants locaux ne sont toujours pas élus mais désignés par le ministre de l’intérieur, et que les élections nationales se passent tellement difficilement. Souvenez-vous des terribles drames à Atakpamé et dans d’autres villes au lendemain des dernières élections présidentielles. Au Bénin, c’est différent : les alternances aux élections nationales ne provoquent pas de crises graves et les élections municipales existent. Alors, même si ce n’est pas encore parfait c’est mieux !

 

  Pour mieux connaître l’autre monde.

  Enfin, pour moi qui ait la chance de bien connaître nos deux villes, nos deux monde, devrais-je dire, je voudrais vous dire ceci : prenez, vous aussi, le temps de mieux connaître l’autre monde, non pas par curiosité ou pour faire du tourisme, ni non plus pour faire une bonne action à un moment donné, action souvent symbolique d’ailleurs. Non, s’il vous plait pas de bricolage humanitaire, mais prenez le temps de mieux connaître l’autre monde, en profondeur. Ensuite, vous déciderez de ce que vous pouvez faire, chacun dans votre ville collectivement surtout, en vous inspirant des expériences des autres, de ce qu’elles ont de meilleur, pour faire reculer les injustices, pour contribuer à améliorer les conditions de vie de tous ceux qui en ont le plus besoin.

 J’ai compris maintenant, en voyant vivre cette coopération entre nos deux villes, et depuis quelques années avec celle de Cové, au Bénin, que nous devrions travailler en commun., dans la durée, patiemment, avec méthode, avec ceux qui sont en responsabilité dans les gouvernances locales : élus, désignés, techniciens, administratifs. Certes, il ne faut pas faire une confiance aveugle, il faut détecter leur compétences, les gens de valeur, sincères, intègres…. Il y en a partout. Et travailler avec eux au sein des collectivités locales et associations fondés pour le développement.    

 

  Nous, les petits.

  Nous les petits, à notre modeste niveau local, ne nous contentons pas de critiquer les grands de ce monde, de nous nous indigner, de nous révolter, ou encore de tout attendre des autres pour que la solution vienne d’ailleurs. Non, nous pouvons, tout d’abord et bien simplement voter, quand il le faut pour des responsables les plus à même d’agir pour la justice, la vérité, la solidarité internationale. Et nous pouvons encore faire plus avec notre collectivité locale qui a la responsabilité de l’aménagement de son territoire, pour nous unir à d’autres collectivités, créer un réseau, poser alors des actes cohérents pour des projets concertés avec les partenaires concernés, eux aussi responsable sur leur territoire.

   

Constance 2  Le journal des adhérents partenaires et amis de l'ANJCA

Association Niortaise pour le Jumelage Coopération avec Cové et Atakpamé.

Permanence : 12 rue Joseph Cugnot 79000 NIORT - tél : 05.49.09.07.12

Site : http://anjca.free.fr - E-mail : anjca.niort@free.fr

 

(A suivre mais voir aussi les billets précédents like 1 , 2 et 3)

 

 

 

 

 

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