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Souvenirs en vrac...... De présidence en présidence...

5 Avril 2012 , Rédigé par daniel Publié dans #Souvenirs en vrac

De présidence en présidence, à chaque fois plus volontaire, j’espère….

de présidence en présidence, à chaque fois plus contestataire, je vitupère….

A combien de campagnes ai-je déjà participé ? Qu’il est long le chemin politique pour un enfant de mon âge et sans grandes satisfactions, hormis 1981 et, à un degré moindre 1988 ou encore 1997 mais aussi, il me faut bien l'avouer, sans vraies désespérances qui m’auraient conduit à détester ces cons d’électeurs qui ne votaient pas comme moi, sauf bien sûr lors de la catastrophe de 2002 ! Mais qu’il est court le chemin qui reste pour un ancien de mon âge, aussi j’aimerais bien connaître de nouvelles satisfactions avant d’arriver au bout ! Non pas une grande satisfaction de victoire pour changer le monde car la réalité du système capitaliste est là, effrayante devant nos yeux effarés, mais une simple et belle satisfaction comme de battre l’insupportable et incompétent Sarkozy.

 

Je ne me suis pas engagé en politique très tôt ; je ne suis pas tombé enfant dans la marmite de cette cuisine.

Les tous premiers échos de la chose politique me sont arrivés en 1958 avec le retour au pouvoir du général De Gaulle, en interceptant des conversations qui ne concernaient pas un môme de douze ans. J’ai un souvenir très fort de septembre 1958 ; nous étions venus de Grenoble, où mon père travaillait cette année là, pour voir mon grand-père paternel qui était hospitalisé à Paris : Je me souviens qu’il avait dit à mon père qu’avant d’entrer à l’hôpital il avait pensé à laisser une procuration pour que mon oncle Didi aille voter pour lui et dire « Oui » au référendum pour la constitution de la Vème République que De Gaulle proposait aux français. Une semaine plus tard nous refaisions ce voyage Grenoble-Paris pour les obsèques de mon grand père Marcel.

 

De Gaulle devint Président de la république, élu par le collège de grands électeurs le 21 décembre 1958 et prit ses fonctions le 8 janvier 1959. Nous venions de nous installer à Tarascon-sur-Ariège où mon père avait été muté dans une autre usine Péchiney. Pendant trois ans, j'ai été pensionnaire au lycée de Foix et c’est au milieu des élèves sur l’esplanade du centre-ville qu'un jour de 1960 j’ai aperçu, de très, très, près le général De Gaulle. Le lendemain, sans doute un samedi, j’accompagnais mon père et je voyais l'illustre personnage passer en voiture devant nous sur la route entre Foix et Lavelanet. Mon père Roger m’avait surpris par son exaltation en criant à tue-tête « Vive De Gaulle ».

Il y aura demain cinquante ans, le 7 avril 1962, que  mon père mourrait  terrassé par un cancer du pancréas, à un peu moins de 40 ans, après avoir lutté pendant une dizaine de mois ; J’avais quinze ans et j’étais l’aîné d’une famille de trois enfants dont la mère n’avait pas de travail, n’avait pas de métier. Heureusement qu’à l’époque et malgré la guerre d’Algérie et l'arrivée des rapatriés, la croissance économique était forte et le plein emploi quasiment assuré. Quelques mois plus tard le 28 octobre 1962, De Gaulle faisait adopter par référendum l’élection du président de la République au suffrage universel.

Les années suivantes je les ai passées (deux ans à Montpellier où ma mère avait une soeur qui lui avait trouvé un travail avant un retour en juillet 1964 en Val de Marne) sans jamais avoir parlé ou vraiment entendu parler de politique. Le rugby beaucoup, les études un peu, étaient mes principales préoccupations, la politique pas du tout. Mon grand-père maternel Ernest qui, depuis le décès de mon père, vivait avec nous et qui, je l’appris bien plus tard, votait communiste, n’en parlait jamais ; il préférait causer de son unique dada, le tiercé. Ma mère, en mémoire de Roger, a voté De Gaulle jusqu’à ce qu’il quitte le pouvoir. (Ensuite elle a toujours voté au premier tour pour Arlette Laguiller qui lui rappelait une bonne copine et puis, au second tour, pour un candidat de droite de préférence gaulliste.)

Je m’étais un tout petit peu intéressé à l’élection présidentielle de décembre 1965, mais comme je n’avais que 19 ans je n’étais pas vraiment concerné par le choix. Je fus seulement surpris qu’un dénommé Mitterrand ait pu mettre le général en ballotage.

 

Tout a commencé à changer à partir de 1966, quand j’ai rencontré Pilou. Progressivement j’allais entrer dans une famille de républicains espagnols où la politique tenait bonne place. En mars 1967 il y eut des élections législatives dont j’ai entendu un peu parler, surtout à Champigny où vivait la famille de Pilou, et qui était un fief communiste. Comme je n’étais pas encore majeur mon intérêt fut toutefois assez modéré….., et puis la politique ça pouvait être intéressant, voire amusant, mais il y avait aussi des examens à passer et des matchs de rugby à gagner.

Nouvelle évolution en fin d’année 1967 car j’entrais alors dans le monde du travail.

Mai 68 arriva de façon impromptue ; je vécu cette période un peu comme salarié avec quelques mots d’ordre de grève, beaucoup comme usager des transports souvent condamné à de longues marches dans Paris, et aussi un peu comme un étudiant car je suivais des cours le soir et le samedi au conservatoire des arts et métiers, mais ces étudiants-là étaient pour l’essentiel des travailleurs désireux de progresser et je ne me souviens pas d’avoir trouvé une seule fois les portes fermées ou les cours annulés.

En fait notre souci principal à Pilou et moi était de savoir si nous pouvions conserver comme date de mariage le 10 juin. La chienlit c’était bien, parfois festif mais le mariage c’était du sérieux. Finalement à ladite date, les agents de la mairie de Champigny avaient repris le travail…. Et le restaurant assurait le service.

De Gaulle avait dissous l’assemblée nationale et les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 lui offrirent une chambre des députés ultraconservatrice. Réflexe de peur. J’aurai pu voter si j’avais au l’idée de m’inscrire sur les listes électorales, c’est ce que me reprocha gentiment Luis, le père de Pilou. Comme si à moi tout seul j’eusse pu renverser la tendance…. Et puis je ne sais pas pour qui j’aurai pu voter, sûrement pas communiste de toute façon, mais pas gaulliste non plus.

D’ailleurs il y eut rapidement un nouveau scrutin, avec le référendum du 27 avril 1969 sur la réforme du Sénat et de la régionalisation. Cette fois j’étais inscrit et je commençais à comprendre quelque chose en lisant assez régulièrement le journal « Le Monde », et pourtant je ne me rappelle pas avoir voté. Pourquoi ? Peut-être à cause d’un match de rugby ou alors parce que je ne savais pas quoi répondre. Toujours est-il que le résultat a conduit De Gaulle à quitter le pouvoir en laissant les clefs de l’Elysée à Poher, le président du Sénat. Finalement je n’ai jamais voté ni pour ni contre De Gaulle.

Le 1erjuin 1969 avait lieu le premier tour des élections présidentielles et j’ai voté pour Michel Rocard. Le second tour opposant Pompidou à Poher avait lieu le 15 juin et je n’ai pas choisi pour la bonne et simple raison que le 13 juin, Pilou et moi, nous nous envolions vers la Guyane pour ma première mission hors de métropole et ce pour cinq mois. Pilou n’étant pas encore majeure n’avait donc pas voté du tout. 

Je passe rapidement sur les années 70 à 72, où il y eut essentiellement des élections locales et un référendum sur l’élargissement de la CEE en avril 1972, pour lequel j’ai du voter ‘’Oui’’.

En 1973 il y eut des élections législatives. Nous habitions Arles depuis trois ans. Notre circonscription était détenue par un socialiste du nom de Privat, un vieux socialo tendance Deferre qui ne me plaisait pas, et j’ai voté communiste pour la seule fois de ma vie. Je crois même que c’est lui qui a gagné, un dénommé Belmondo si je me souviens bien. Le jour du second tour nous avions invité à déjeuner nos grands amis Jef et Nicky, avec les parents de Jef qui m’avaient reçu tant de fois chez eux, à Castelnau-le-Lez, quand j’étais adolescent. Une belle journée où nous avons très prudemment évité de parler politique, sauf qu’au moment de nous quitter en fin d’après midi, le père de Jef m’a dit : « Le temps de rentrer pour écouter les résultats et voir, si on va rester dans un pays de liberté.» « Pourquoi ?» lui répondis-je, et lui de me rétorquer « Si la gauche gagnait, ça serait terrible !»….. Je fus simplement surpris qu’un si brave homme puisse sérieusement évoquer une hypothèse aussi incongrue.

 

A partir de fin 1973, nous étions au Zaïre, je travaillais à la construction du barrage d’Inga 2. Nous recevions les journaux français, par avion, avec une dizaine de jours de retard, mais nous étions matin et soir à l’écoute de Radio France International. Le 3 avril au petit matin nous apprenions le décès du président Pompidou. Rapidement nous apprîmes le retour de Poher à la conciergerie de l’Elysée et que les élections auraient lieu les 5 et 17 mai 1974. L’ambassade de France à Kinshasa transmit rapidement à l’ensemble des français du chantier des formulaires de procuration. Les seuls amis que nous avions sur Arles où nous étions inscrits étaient des voisins d’appartement, lui étant un collègue de travail à Fos-sur-Mer. Mais ce que je craignais c’est qu’ils soient de nationalité italienne et c’était bien le cas, ce qu’il confirmait par retour de courrier un mois plus tard, me proposant d’autres gens mais il était bien trop tard pour refaire les papiers.

A cette époque et avant l’élection, grâce à un collègue de Kinshasa, j’avais découvert René Dumont et son livre « L’Afrique noire est mal partie ». Si j’avais pu voter j’aurai choisi René Dumont au premier tour et forcément Mitterrand au second. Nous avons suivi les débats sur RFI et les résultats. Je croyais possible la victoire d’un Mitterrand qui rassemblait la gauche et notamment des gens que j’estimais comme Rocard, Delors et Pisani. Ce fut ma première tristesse d’Olympio.

Un an plus tard nous eûmes la visite du président Giscard sur le chantier d’Inga et je n’ai même pas pu lui serrer la main. A son arrivée nous, les cadres français et zaïrois, nous étions en rang d’oignons et Giscard et Mobutu passaient devant nous et chacun serrait la main d’une personne sur deux et l’autre faisait de même en décalage. Normalement Giscard aurait du me serrer la pince, mais comme j’avais devant moi mon fils Eric, qui avait cinq ans, il a choisi la sienne, ce qui m’a obligé à serrer la louche du dictateur Mobutu Sésé Séko…. Comme je le dis souvent depuis je peux serrer la main de n’importe qui, ça ne pourrait pas être pire ; même celles de Sarko et de Le Pen. (Enfin si je peux éviter…)

Après le Zaïre ce fut le Maroc où pendant trois ans je participais à la construction du barrage d’Al Massira. Entre 1976 et 1979 il n’y eut qu’une élection majeure, les législatives de 1978. A cette époque j’étais très politisé, pas encarté mais très virulent. J’ai du emmerder pas mal de monde avec ma détestation de Giscard. Je n’aimais pas ce mec ! Ok on a pire depuis 2007 mais déjà lui il me faisait mal à ma France et pas uniquement à cause de sa politique africaine (les Bokassa, les Bongo, les Mobutu etc… les copains et les coquins).

Une nouveauté pour ces élections législatives des 12 et 19 mars 1978, les français de l’étranger pouvaient voter dans les consulats, chaque pays étant rattaché à une circonscription française bien choisie on n’en doute pas. Nous nous sommes déplacés à Casablanca pour voter pour une circonscription de l’Isère, une partie de Grenoble et banlieue. Cette circonscription qui était détenue par un député de droite risquait de basculer à gauche ; grâce aux voix des français du Maroc, elle est restée de justesse à droite. Rappelons que le vote des français de l’étranger sera encore instrumentalisé en juin prochain mais d’une manière un peu moins scandaleuse (que je critique quand même). Giscard a pu conserver une majorité ; façon de parler vu la guerre ouverte qu’il y avait alors entre lui et Chirac. Ce n’était que partie remise avant une victoire de la gauche à venir.

 

A partir de septembre 1979, nous étions installés en Alsace où je participais à la construction du barrage de Michelbach pas très loin de Mulhouse. J’étais très pris par ce chantier mais je cherchais quand même à adhérer au Parti Socialiste. J’ai pris des contacts, expliquant que j’arrivais d’Afrique et que je me sentais proche de Rocard. Est-ce à cause de ça ou parce que j’étais un français de l’intérieur que je n’ai jamais été contacté par la fédération socialiste.

Nous sommes allés en famille à une fête de la Rose à l’automne 1980 ou la vedette était François Mitterrand. J’ai renouvelé, à cette occasion, ma demande d’adhésion mais manifestement je ne devais pas les intéresser. Je n’ai pas insisté, ce qui fait que j’ai abordé la campagne présidentielle de 1981 non pas en militant mais comme simple citoyen de gauche.

Le dernier meeting avant le second tour s’est tenu à Mulhouse le vendredi 8 mai. J’y étais avec mon fils Eric et l’ambiance était fabuleuse. Rocard assurait la première partie puis ce fut le tour de Mitterrand : La victoire était pour le lendemain. Les organisateurs avaient réquisitionné des enfants pour les installer assis devant l’estrade et le candidat. Eric qui avait alors 11 ans était l’un d’eux : après Giscard, Mitterrand !

Ce fut aussi le résultat affiché sur les écrans de télévision le lendemain à 20 H. Une immense clameur a éclaté dans le groupe d’immeubles où nous habitions. Tout le monde se retrouvait au balcon et des bouteilles de champagne apparurent aussi.  

 J’ai bien aimé toute cette première période du septennat, la période Mauroy-Delors. Début 1982, j’ai fait une courte mission de trois mois en Guinée, où j’ai eu l’occasion de rencontrer des officiels dont un ministre du dictateur Sékou Touré. J’ai compris qu’ils regrettaient beaucoup, Giscard. C’était bon signe me suis-je, naïvement, dit !  En fait la politique du « Pré-carré » avec Mitterrand ne changea guère de celle de Giscard, excepté quand même vis-à-vis de l‘empereur Bokassa.

 

Entre septembre 1983 et juillet 1986 nous étions à Yaoundé au Cameroun où j’avais un poste de formateur au Laboratoire des Ponts et Chaussées. Jean Pierre Cot avait déjà été viré du ministère de la coopération à la demande de Bongo et remplacé par Nucci qui arrivait avec son merveilleux projet de carrefour du développement. Une vraie désillusion mais, oh surprise, il y avait à Yaoundé une importante association de Français de sensibilité de gauche, l’ADFE, et au sein de cette association, une petite section du PS où j’adhérai en 1984 pour dire ouvertement ce que je pensais de la politique africaine de Mitterrand….. Je n’étais pas le seul à être déçu.

Les élections législatives de mars 1986 se profilaient. Le Président, conscient de la défaite inexorable de la gauche, changea le système en adoptant la proportionnelle. La défaite devenait certaine mais son ampleur serait moindre et Mitterrand allait pouvoir subir plus facilement l’épreuve de la cohabitation. Je ne trouvai pas la manœuvre très morale mais je l’ai acceptée.

Il nous fallait à nouveau trouver des représentants pour voter par procuration. Nous étions inscrits depuis fin 1982 à Bezouce près de Nîmes où nous avions notre maison. Nos proches voisins étaient des gens charmants mais nous n’avions jamais parlé politique avec eux : Elle était fonctionnaire aux impôts, lui était militaire. Quand nous leur avons téléphoné ils furent étonnés et un peu indécis, mais quand on leur a dit que nous votions pour le PS, ils ont accepté tout de suite, il n’y avait pas de problème. Ouf !

Chirac devenait chef du gouvernement et gouvernait, et François Mitterrand présidait dans le cadre d’une cohabitation. Bien que très critique de la politique qui fut menée par ce gouvernement de droite et notamment en Nouvelle Calédonie, j’appréciais dans le fond que la monarchie républicaine qu’était réellement, même avec un président de gauche, cette cinquième République depuis 1962, avec l’élection du président au suffrage direct des français, se démocratise en acceptant après l’alternance en 1981, la cohabitation en 1986.  

 

En juillet 1986, nous quittions le Cameroun pour rentrer en France, atterrissage à Niort, dans les Deux-Sèvres……  

 

(La suite dans le prochain billet. )

 

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F
J'ai bien voté Jospin au premier tour 2002... Je suis incroyablement surpris par ce récit d'une facette de ta vie. J'attends la suite avec impatience. Bravo pour l'ensemble de ton oeuvre,<br /> camarade...
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